FABULATIONS

FABULATIONS

C'est quand qu'on va où

Depuis des années, je mène une vie, celle que l'on m'impose, celle que je construis par des choix contraints, celle que je bâtis parce que je pense que c'est ainsi qu'on agit. J'ai l'impression que ma vie n'est qu'une succession d'obligations, une succession de carcans dont je suis la seule responsable, à la fois prisonnière et geolière.

 

Quand je parle de ma vie, je devrais sans doute parler d'une double vie, celle qui est mon quotidien et celle que je réalise lorsque je m'envole le temps de quelques jours auprès de ceux qui ne connaissent pas ce quotidien pourtant prenant.

 

Quelle est ma vie? Comment puis-je la définir? Comment apprendre à l'apprécier quand chaque jour j'ai l'impression de la subir plutôt que de la choisir, de m'enfermer plutôt que de m'épanouir. Plainte banale, convenue de celle qui ne veut plus ce qu'elle a mais ne fait rien pour que les choses ne changent. 

 

Comment définir cette vie?

Professionnellement, un boulot qui est le mien depuis 22 ans, certes, il a un peu changé, passé d'instit à prof mais qui finalement revient toujours au même. Certes, les lieux ont aussi évolué mais vu mon ancrage, ici ou ailleurs revient toujours au même.

Familialement, une famille éclatée suite à une séparation dont je suis responsable, 3 enfants maintenant grands mais encore à ma charge. 3 enfants plutôt charmants, agréables qui reviennent régulièrement et pour lesquels j'essaie d'être irréprochable.

Sentimentalement, un compagnon depuis quelques petites années, tout juste 3, un compagnon attentionné, qui ne me correspond pas toujours vraiment mais à qui je ne peux rien reprocher, un compagnon réservé, routinier, peu enclin à l'aventure, cultivé, érudit même dont l'écriture et les lectures sont remarquables; un mari dont je suis divorcée mais avec lequel j'entretiens une relation courtoise, amicale presque, une personne sur qui je peux compter, une personne respectable, un père parfait, un homme discret qui a refait sa vie et qui en semble heureux; un ex, raison de mon divorce, avec qui je suis restée 10 ans et dont je me suis séparée alors que je l'aimais encore mais avec lequel le quotidien était infernal, un ex beaucoup plus âgé, tellement plus âgé qu'il entre sans doute dans la dernière ligne droite, avec lequel j'entretiens toujours une relation affectueuse mais qui est parti vivre très loin, sans doute pour ne pas empêcher cette séparation de durer.

Quotidiennement, une vie calme entre boulot et ennui, entre copies, cours à préparer et réseaux sociaux, une vie sans grand lien extérieur, auprès de mon compagnon, quelques cinés, quelques lectures, quelques visites familiales, une simplicité ni glauque ni sensationnelle.

Episodiquement, des voyages, des séjours, à chaques vacances, quasiment. Des virées pas très loin, ou plus distantes accompagnée le plus souvent et l'été de grandes balades à vélo, des centaines de kilomètres parcourus/

 

Une vie tranquille, ni malheureuse, ni exceptionnelle, mais une vie qui visiblement n'est pas tout à fait la mienne. Des choix, sont-ce vraiment des choix?

Ma première grossesse fut une surprise même si la surprise fut belle et qu'aujourd'hui je suis admirative de cette merveille, si aujourd'hui j'aime à la folie cette petite devenue grande.

Mon divorce fut certes de ma faute mais la conséquence d'une folie, d'un harcèlement mené tambour battant par la femme de mon amant qui n'a pas voulu comprendre que c'est lui qui la trompait, qui a voulu faire mal à celui qui n'y était pour rien, qui a choisi la violence comme réponse à cette trahison.

Ma vie est le résultat de mes peurs, de mon incapacité à agir, à prendre des décisions, à prendre des risques. 

Je suis lâche, je suis sans volonté et je reste dans une vie qui ne plait qu'à moitié.

J'ai peur, peur de partir, peur de demander une mutation, peur de me retrouver seule, peur de ne pas avoir d'avenir, peur de ne pas m'en sortir.

J'ai peur alors je joue entre deux vies, je m'échappe l'espace de quelques jours vers d'autres horizons, pour durant quelques instants vivre une autre histoire, entrevoir un autre présent. Mais invariablement je reviens chez moi, auprès des miens, dorlotée, cajolée et entourée par ceux que j'aime si mal.

 



27/01/2021
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour