FABULATIONS

FABULATIONS

Un, deux, trois... SOLEILS

 Budapest, église Matthias

 

23 ans, dans quelques mois! 23 ans presque déjà.

Tu es arrivée avec quelques jours de retards, les cheveux en pétards, les ongles longs et le crâne en pain de sucre, (3,660 kg 52 cm). les cheveux noirs, si noirs qu'on ne voyait pas tes grands yeux bleus. Tu es arrivée alors que j'avais presque l'âge que tu auras bientôt, avec un deux de plus, un petit deux de plus.

Tu étais parfaite, tu es parfaite. J'avais refusé qu'on te mette à la nurserie, je ne pouvais t'imaginer loin de moi. Je t'ai veillée, je t'ai regardée paisible, si belle, si extraordinaire. Les heures se sont ainsi écoulées jusqu'à ce que je songe que le jour allait arriver et que tu n'avais toujours pas têté depuis la veille au soir. Les infirmières ont refusé de te réveiller et déjà, tu montrais ton goût pour le sommeil puisqu'il était près de 9 heures quand tu as émis un petit bruit que j'ai pris pour de la faim. Timidement, je t'ai donné le premier biberon de ton deuxième jour. Et tu as têté, avec envie, goulûment jusqu'à la lie! Déjà tu montrais ton goût pour la gastronomie. Les jours se sont ainsi écoulés, paisibles entre têtées et sourires. Malgré la douleur qui me tiraillait (merci Mme l'anesthésiste pour votre mauvais geste), je te contemplais. 5 biberons entre 9h et 21h et tu partais pour une longue nuit. Ta respiration berçait mon sommeil et chaque journée est devenue une étincelle.

 

20 ans dans quelques mois! 20 ans presque déjà.

Tu es arrivée avec quelques jours de retard, sans un cheveu sur la tête, la peau si lisse, le regard si bleu (3, 660kg - 52 cm). A peine découvrais-tu le monde que tu semblais déjà le mordre à pleine dents (qui arriveront quelques semaines plus tard).

Tu étais parfaite. Tu es parfaite. Tu es arrivée comme une furie, tu n'as même pas laissé le temps à l'anesthésiste de faire son travail et c'est sans la moindre intervention chirurgicale que tu es arrivée dans mes bras. J'étais étonnée d'avoir eu si peu mal, j'étais happée par ton regard émerveillé. Tu nous fixais si intensément qu'on te parlait déjà comme si on te connaissait depuis longtemps. A toi aussi, j'ai offert le biberon comme nourriture. Et tu l'as vidé avec avidité. Il était 14h, le soleil irradiait la chambre où on avait trouvé une petite place pour nous installer. En ce mois de ta naissance, vous étiez si nombreux que les lits manquaient. Notre voisine pleurait, son bébé pleurait et personne ne semblait vouloir l'aider dans cet allaitement qu'elle désirait tant. Et toi, tu gobais chaque biberon avec avidité. Douloureux contraste qui rendait cette maman encore plus désarmée et désarmante. Puis, après ton biberon de 21h, tu as dormi. Cette fois, je n'ai pas demandé aux infirmières de te réveiller. C'est d'ailleurs à la nurserie que tu as fait ta première nuit, les bruits avoisinants n'étant guère reposants, il te fallait un peu de calme. Il était 23h lorsqu'on est venu te chercher, à peine 7heures quand je suis allée te rechercher et c'est à 9h que tu as réclamé le premier biberon de ton deuxième jour. Les jours se sont ainsi écoulés paisible entre têtées et sourires et cris. Tu pleurais, chaque jour, de 9h à 21h, tu hurlais puis t'endormais pour une nuit sans orage, sans le moindre réveil. Il a fallu 4 semaines pour comprendre que le lait ne te suffisait pas, 4 semaines pour que la carotte te donne un teint hâlé qui révéillait tes yeux toujours plus bleus, et tes rares cheveux tellement blonds qu'ils en paraissaient inexistants. 4 semaines pour que les jours s'écoulent entre têtées et sourires. Mes nuits étaient toujours plus calmes que mes jours.

 

17 ans dans quelques mois, 17 ans déjà.

Tu es arrivée avec quelques heures de retard, le cheveu épars, les yeux noisette et un cordon qui ne voulait pas te quitter t'avait donné quelques reflets bleutés qui heureusement se sont très vite dissipés (3,620 kg, 52 cm).

Tu étais parfaite. Tu es parfaite. Tu semblais si petite, si épuisée par le chemin qui t'avait mené jusqu'à nous. Tu ne trouvais pas la force de têter...mon sein. J'étais moi aussi fatiguée par ce travail sans aucune aide médicalisée et tellement béate une nouvelle fois d'y être arrivée avec sérénité. Sereine, c'est ainsi que tu semblais. Quand enfin tes petites lèvres, ta langue a effleuré mon sein, j'ai compris combien j'aimerais ces moments, combien j'avais eu raison de sauter le pas. Il était tellement tôt, la nuit venait à peine de commencer quand tu as pointé le bout de ton nez que la journée allait être longue. Après la tétée, tu t'es endormie à mes côtés. Délicatement je t'ai reposée dans cette horrible nacelle et j'ai admiré ce petit carton qui annonçait ton doux prénom. Et je me suis assoupie en te regardant, les heures ont passé. Il était 9 heures lorsque tu as réclamé ta deuxième têtée. Tu têtais avec application, sans t'arrêter, 10 minutes montre en main, sur chaque sein. Déjà tu montrais ton sens de l'organisation, ton goût du chronomètre. Tes yeux noisette nous émerveillaient, mais ton teint vira au jaune, tu gardes d'ailleurs  cette trace en mémoire de ces quelques rayons. Je pleurais de les voir te piquer le pied régulièrement mais toi, rien ne semblait te perturber. A peine 72h après ta naissance, nous avons rejoint notre belle maison, tant nous attendions la réunion de nos trois merveilles. Et après 5 têtées par jour, de 21h à 9h tu dormais, là, à mes côtés parce que j'étais persuadée qu'avec le sein, tu dormirais moins.

 

23, 20 et 17 ans, trois âges, trois demoiselles tellement différentes et pourtant trois bébés soleils qui ont tout de suite compris que la nuit était pour les bras de Morphée. Pourquoi avons nous eu cette chance? Mystère. Ces nuits paisibles et réparatrices ont eu une incidence non négligeable sur l'éducation de nos enfants (et peut-être aussi sur leur nombre?). Peu fatigués, nous étions plus disponibles. Reposées, vous étiez peu irritables. Vous avez éte des bébés dormeurs (enfin presque), des enfants calmes et êtes des ados adorables. Les crises n'ont guère explosé, vous ne vous êtes jamais battues et vous avez toujours su vous respecter. Je vous vois heureuses de la réussite de l'autre, encourageantes, présentes, attentives. Vous n'avez jamais recherché le conflit et vous semblez malgré les aléas réellement épanouies. Et une partie de cela on le doit parce que vous avez été des soleils qui se couchaient la nuit pour vous lever le matin avec éclats... de rire.

 



27/02/2019
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